« Je t’aime » — Paul Éluard
Je t’aime pour toutes les femmes que je n’ai pas connues
Je t’aime pour tous les temps où je n’ai pas vécu
Pour l’odeur du grand large et l’odeur du pain chaud
Pour la neige qui fond, pour les premières fleurs
Pour les animaux purs que l’homme n’effraie pas
Je t’aime pour aimer
Je t’aime pour toutes les femmes que je n’aime pas.
« Le Pont Mirabeau » — Guillaume Apollinaire
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine.
[…]
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure.
« À une passante » — Charles Baudelaire
La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d’une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l’ourlet…
[…]
Ô toi que j’eusse aimée, ô toi qui le savais !
« SI tu m’aimes » — Pablo Neruda (extrait des « Vingt poèmes d’amour »)
Je t’aime comme on aime certaines choses obscures,
secrètement, entre l’ombre et l’âme.
Je t’aime comme la plante qui ne fleurit pas
et porte en elle, cachée, la lumière de celles-ci,
et grâce à ton amour vit obscur dans mon corps
le serré arôme qui s’éleva de la terre« Sonnet XVIII » — William Shakespeare (traduit)
Devrais-je te comparer à un jour d’été ?
Tu es plus charmante et plus tempérée.
Les vents violents secouent les tendres bourgeons de mai,
Et l’été passe toujours trop vite, effacé…
[…]
Tant que les hommes respireront et que les yeux verront,
Ce poème vivra — et te fera vivre en mon nom.« Demain, dès l’aube… » — Victor Hugo (extrait)
Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.